Charles Ray 'Gypsy' Mitchell est né à Dallas, au Texas, en 1952. À l'âge de 17 ans, il forme un groupe de funk gospel novateur, The Relatives, avec deux frères, les révérends Gean West et Tommie West. Il co-écrit, arrange et joue de la guitare sur leur deux premiers singles, "Speak to Me" / "Walking On" (Lewis Records) et "Don't Let Me Fall" / "Rap On" (Hosanna Records), réédités sur la compilation Don’t Let Me Fall chez Heavy Light en 2009.
Musicien autodidacte, Gypsy a un son de guitare unique qui peut être attribué à un accordage ouvert, des pédales d'effets et une synthèse singulière des styles de ses plus grands héros : Wes Montgomery, Jimi Hendrix et Cal Valentine. Il a notamment officié comme sideman pour Buddy Ace pendant plusieurs années au milieu des années 80, travaillé dans des lieux comme l'historique Longhorn Ballroom à Dallas, et partagé la scène avec Joe Simon, Johnnie Taylor et Little Milton.
En 2021, après avoir reçu la visite de feu le révérend Gean West dans un rêve, il se sent inspiré pour enfin partager ses propres compositions accumulées tout au long de sa vie. Pour donner vie à ce projet, il s’est rapproché de Zach Ernst et Matthew Strmiska (membres fondateurs de Black Joe Lewis & the Honeybears), équipe de production basée à Austin avec laquelle il avait travaillé sur les albums de The Relatives sortis après la reformation du groupe en 2009. Une nouvelle ère commence.
What are you doing sitting? You’re a Gypsy, should be moving down the highway…
(Que fais-tu assis ? Tu es un gitan, tu devrais être sur la route…)
Mon frère Ron Mitchell et moi avons donné un concert à Los Angeles en 1973 avec notre groupe Mitchell Brothers Sound (Ron avait été le percussionniste de The Relatives). Jimmy Hughes, connu pour le morceau "Steal Away", jouait également ce soir-là. Le lendemain matin, Jimmy est venu dans ma chambre d'hôtel et m'a dit : « Lève-toi et viens avec moi », et il m'a emmené sur Hollywood Boulevard et Western. Il y avait là une gitane qui lisait les lignes de la main. Quand elle a vu ma paume, elle m'a pris les mains et s'est mise à pleurer. Elle m'a dit : "Tu ne t'appelles pas Charles, tu t'appelles Gypsy."
My uncle Hearn, I know you don’t know him / Gave me my first guitar he’s the chosen one…
(Mon oncle Hearn, je sais que tu ne le connais pas / M'a donné ma première guitare, c'est lui l'élu…)
Oncle Hearn était le frère de mon père. Il vendait des fruits dans un camion et je l'accompagnais au travail quand j'avais environ cinq ans. Un jour en particulier, nous sommes allés dans le sud de Dallas et avons fini par traîner sous un arbre avec d'autres gars. Il a commencé à jouer de la guitare et m'a gardé toute la journée avec eux.
J'étais épuisé et quand il m'a ramené à la maison, il m'a vu le regarder avec étonnement. Il a demandé : « Pourquoi me regardes-tu comme ça ? » Oncle Hearn était plutôt dur, mais je m’entendais bien avec lui. Je lui ai dit : « Si quelque chose t'arrive, puis-je avoir ta guitare ? » Il a répondu : « Tu voudrais que quelque chose m'arrive ? » J'ai commencé à pleurer et il m'a dit d'appeler sa femme, tante Mae, dans la chambre. Il a dit à tante Mae : « Ce garçon a dit que si quelque chose m'arrivait, il voulait ma guitare. »
Des années plus tard, j'étais de retour à Longview et j'avais complètement oublié cette conversation. Un dimanche matin, je suis entré dans ma chambre et j'ai vu mon oncle Hearn assis sur le lit. Il m’a demandé : « Hé mon garçon, tu veux toujours cette guitare ? » Je me suis exclamé : « Oncle Hearn ! » Il a répondu : « Tu veux toujours cette guitare ? Va le dire à ton père. »
J'ai retrouvé mon père dehors et je lui ai dit ce qu'il m’avait dit. Mon père s'est énervé, m'a grondé et m'a dit : « Arrête de mentir, ton oncle Hearn est mort. »
Je suis retourné dans la chambre et l'esprit de l'oncle Hearn a dit : « Dis à ton père ce que je porte. » J'ai retrouvé papa et lui ai dit que j'avais vu l'esprit de Hearn et qu'il portait une chemise à carreaux jaune et noire et des kakis. Quand j'ai dit cela, il est tombé à genoux en pleurant, parce que c'est exactement ce que Hearn portait lorsqu'il a été tué. Il savait que c'était vrai.
Thirteen years old, I had a sweat…
(A treize ans, je transpirais…)
Cela a commencé un matin à Longview, quand j'avais treize ans, près de la maison de M. Jesse, dont je coupais l'herbe. Sa voix a déclenché quelque chose en moi. Je pouvais entendre tout ce qu'il disait avant de le dire, je pouvais voir comment tout le monde bougeait avant de le faire, je le jure devant Dieu. Cela a duré trois semaines. J'étais en sueur, je n'arrivais pas à dormir et j'entendais des voix qui allaient et venaient chaque nuit.
À la fin de la troisième semaine, ma tante Mamie est arrivée en ville. Elle est entrée dans ma chambre à cinq heures du matin et m'a dit de porter ses bagages dans le coffre de sa voiture, car ils retournaient à Dallas. J'ai fait mes valises et j'ai sauté dans le coffre avec ma guitare. J'avais peur du noir, alors j'ai mis des pierres dans le loquet pour bloquer la porte afin qu'elle ne se verrouille pas, et j'ai attaché une ficelle pour pouvoir regarder par l'arrière. Dès notre arrivée à Dallas, j'ai commencé ma carrière dans la musique.
Sometimes you gotta get up and do what you gotta do…
(Parfois tu dois te lever et faire ce que tu dois faire…)
"Movin' (Down the Highway)" est né lorsque mon frère Ron et moi avons quitté The Relatives. J'ai acheté une camionnette Good Times de 1972 et nous avons pris la route avec notre petit groupe, Mitchell Brothers Sound. Nous avons même enregistré "Movin'" à cette époque, mais il n’est jamais sorti et nous n’avons pas poursuivi.
En 2014, j'ai rencontré Zach et Matt qui jouaient avec The Relatives, après les retrouvailles du groupe et leur album de retour. Le révérend Gean m’a demandé de rejoindre le groupe pour terminer le nouvel album du groupe. J'ai réalisé plus tard que c'était parce qu'il tombait malade et il savait que je pouvais l'aider à franchir la ligne d'arrivée. Il est décédé en 2015 et nous avons maintenu le groupe pendant encore environ un an, puis nous nous sommes séparés.
En 2020, je suis allé dans un studio et j’ai enregistré une nouvelle chanson pour moi-même. C’était la première fois que je faisais cela depuis plusieurs années, mais ensuite la COVID a frappé. J'hésitais à l'envoyer à Zach, mais Gean m'a rendu visite dans un rêve et a insisté pour que je le fasse. Zach a aimé ce morceau et m'a dit de lui en envoyer davantage.
C'est à ce moment-là, assis chez moi à Dallas, coincé sans nulle part où aller et nulle part où jouer, que les souvenirs de cette chanson d'il y a cinquante ans sont revenus. Les paroles me sont venues après notre conversation, lorsque Zach m'a encouragé à continuer de lui envoyer des chansons, et le processus de création de notre nouveau groupe était né. Je me suis souvenu de ma première guitare, de ma tante, du coffre… et tous les couplets se sont mis en place.
- Charles Ray “Gypsy” Mitchell, August 18, 2023, Dallas, TX